Les héros de papier !
Pourquoi proposer des livres avec héros à nos enfants? Quels sont leurs bienfaits? Le héros aide-t-il l'enfant à grandir?
La littérature jeunesse regorge de héros courageux, sympathiques et malicieux. Ils nourrissent l’imaginaire des enfants et des ados, et les font voyager à la découverte d’eux-mêmes et des autres.
La mission du héros
Leur mission, et ils l’acceptent volontiers, est de traverser les épreuves et de s’en sortir à la fin. En quête du Graal, en redresseur de torts ou en simple observateur du quotidien, le héros fait écho à nos besoins, à nos questionnements.
« Le héros doit donner des réponses à l’enfant, à ses aspirations, à ses angoisses, remarque Brigitte Praplan, directrice du bureau romand de l'ISJM, l'Institut suisse Jeunesse et Médias. Selon les circonstances, l’enfant ressent un grand besoin d’amour ou d’autonomie. Il est en construction de son identité et a besoin d’être rassuré. »
Peur de la nuit, de l’inconnu, de la mort, le héros aide l’enfant à intégrer un monde dans lequel il se sent faible et pas toujours à la hauteur. Il est l’ambassadeur, le trait d’union avec l’extérieur et celui qui, finalement fait grandir. Nous nous identifions à lui, nous l’accompagnons et c’est dans ses pas que nous suivons et nous nous attachons à l’histoire.
Quel héros pour mon enfant?
Des personnages mythiques d’Ulysse au Seigneur des anneaux en passant par Tarzan, Zorro, Gaston Lagaffe ou Charlie Brown, chaque enfant peut choisir le héros qui lui plaît.
Ou alors essayez de lui en créer un nouveau. « Ma fille n’accrochait pas aux d’histoires qu’elle trouvait, se rappelle Christine Pompéï, l’auteure des Enquêtes de Maëlys. Maëlys est une petite héroïne maladroite, désordonnée, distraite dans laquelle plus d’un enfant se reconnaît. » Invincibles ou imparfaits, avec ou sans super-pouvoirs, d’hier ou d’aujourd’hui, les héros reflètent la société dans laquelle nous vivons.
Des héros à la page
Un personnage gagne son statut de héros en triomphant non seulement des obstacles mais en surmontant aussi ses hésitations, ses failles.
Un peu comme Harry Potter qui malgré des pouvoirs extraordinaires est orphelin et à la recherche de ses origines.
« Selon les moments, nous sommes tous courageux ou peureux, note Mme Pompéï. Les garçons comme Lucien, le meilleur ami de Maëlys, ne sont pas tous de vaillants chevaliers et les filles des princesses craintives. »
Au fil des pages, des chapitres, les enfants vivent au rythme de leur héros, ressentent les mêmes émotions.
« Pour que l’enfant puisse se projeter, il est important que le héros ne soit pas défini seulement par ses actions mais aussi par son épaisseur psychologique, ses traits de caractère. », estime Mme Praplan.
A la gentille et sage Martine, la fameuse héroïne d'albums pour petites filles qui vit dans un monde éthéré et nostalgique, les enfants d'aujourd'hui optent pour un Titeuf transgressif et plus authentique.
Les héros sont comme nous, ils respirent l’air du temps. Confiants, optimistes après la dernière guerre mondiale, ils craignent eux aussi pour la survie de la planète et font tout pour la sauver des dangers qui la menacent.
C’est pourquoi, ces dernières années, les sagas dystopiques décrivant un futur cauchemardesque rencontrent du succès auprès des adolescents.
A l’instar des protagonistes de Divergente, d’Hunger Games ou du Labyrinthe, les jeunes lecteurs s’imaginent dans la peau de leur héros tentant d'éviter l'apocalypse.
Le temps d’un livre, d’une série ou d’une bande dessinée, le héros est un double, celui qui ose et qui nous fait espérer qu’une vie pleine d’aventures nous attend nous aussi, quelque part.